Extraits de nos textes ...

Chapitre 10 : Confidences dans la nuit
Il était 4 heures du matin lorsque je me réveillais enfin. Toute la demeure était silencieuse et noire. Je ne savais que faire. Personne n'était éveillé. Mais cela importait peu. Ainsi je me levais, et, en chemise et sur la pointe des pieds, je sortais de la chambre. J'allumai une chandelle et traversai le couloir. Soudain, je sursautai. J'avais entendu un bruit. J'avançai prudemment... Le bruit mystérieux devint plus compréhensible. Je ne comprenais pas encore ce que c'était. J'avançai doucement. Tout à coup, j'aperçus Olympia assise par terre en train de pleurer.
- Lympia ! Que se passe-t-il ??
J'appelais Olympia « Lympia » car, quand j'avais 5 ans, j'avais eu du mal à prononcer le O.
- Méline ? Je suis navrée si je vous ai réveillée ! Recouchez vous ! Je ne ferai plus de bruit !
- Non point. Je me suis réveillée toute seule. Vous...vous allez bien ?
- Aujourd'hui est pour moi un anniversaire très spécial. Vous ne pouvez pas comprendre...
- Racontez moi, je vous en prie. Je ne supporte point de vous voir triste.
- Que vous êtes gentille ma chère petite... Quelqu'un est mort à cette date-là, il y a longtemps.
- Qui donc si ce n'est pas votre enfant ?
- C'est...c'est...
- Confiez vous Lympia. Cela vous aidera !
- Mais vous n'êtes encore qu'une enfant !
- Je suis prête à tout entendre Lympia. S'il vous plaît...
- Bien. Un homme qui comptait beaucoup pour moi est mort il y a 5 ans.
- Le père de votre enfant ? C'est lui n'est-ce pas ??
- ... oui... c'est lui...
Je m'assis à côté d'elle puis me blottit dans ses bras. Je parvins même à me rendormir quelque peu pendant qu'elle me caressait les cheveux de sa main douce. Le soleil se levait peu à peu et la lumière du jour me réveilla. Je m'étirai et bâillai. Olympia avait les yeux rouges et gonflés et les cheveux décoiffés. Sa robe était froissée et mal ajustée. Elle était dans un piètre état.
-Venez, ma petite, allons réveiller votre sœur. Elle doit s'inquiéter de ne point vous voir.
- Oui, vous avez raison Lympia.
Je la suivais jusqu'à ma chambre. Diane était debout, habillée mais décoiffée, les yeux rouges, une main sur la poitrine. Elle tournait en rond dans la pièce, se mordant les ongles. Elle nous vit alors.
- Oh Méline ! Oh mon cœur ! lâcha-t-elle en courant vers moi, j'ai eu si peur ! Où étiez-vous ?
- J'étais dans le couloir de l'escalier pour aider Lympia à préparer la table.
- J'adressai un petit clin d'œil à Olympia. Elle m'accorda un petit souri.
- Oh mon dieu ! Méline... Je vous aime tant ma petite sœur...
- Moi aussi, Diane, lui répondis-je en la câlinant.
- Ce n'est point que je veux vous déranger, intervint Olympia, mais il est déjà 6h10...
- Oh ! Bien sûr ! Venez Méline.
Diane me prit par la main et nous suivîmes la domestique. Je soupirai à l'idée de passer une nouvelle journée dans des salons à m'ennuyer. Et puis pourquoi ne travaillais-je pas ?? Je n'étais même pas bourgeoise ! Ma sœur travaillait, elle. Et moi, je m'ennuyais à longueur de journée. J'en avais souvent parlé avec Diane :
- Pourquoi travaillez-vous alors que je reste dans les salons avec les Demoiselles ??
- Et bien... Madame l'a voulu ainsi, me répondit-elle, et il en est ainsi...
- Mais je m'ennuie moi !
-Oh non Méline ! Non ! Vous avez le privilège de ne pas avoir à gagner votre sous en travaillant dur. C'est un luxe Méline... Profitez en !
- Mais ce n'est pas juste, rétorquais-je, j'en ai assez de toutes ces journées longues et ternes !
- Méline, mon cœur, je vous en prie, ne cherchez pas à être différente de ce que vous êtes !
Et nous en fûmes restées là sur ce sujet. J'étais mal à l'aise en sachant que ce que je faisais était
injuste. J'étais pauvre de naissance, pourquoi étais-je devenu une fillette presque Noble ? Je n'y
comprenais rien. Mais Diane avait toujours raison. Je l'écoutais donc. Pour en revenir à ma journée, j'entrai dans la cuisine, suivie de ma sœur et d'Olympia. J'étais triste en pensant à ma famille, qu'y devait crier famine ou bien ne plus être de ce monde, rongé par l'appétit ou le froid. Je n'en avais presque pas dormi la veille. Je ne connaissais même pas cette famille, mais les savoir peut-être morts ou malades m'était insupportable. J'aurais tout donné pour les connaître mais Diane me l'a souvent déconseillé. La journée se poursuivit donc tristement...

Waouh !! Bravo ! Très émouvant ! Il me tarde la suite !

Il me tarde la suite !!!

Voilà la suite des "aventures" d'Alix des Monges ....


Puis elle entra dans une boutique de vêtements.

« Bonjour demoiselle. Que puis-je pour vous ? demanda le commerçant, un home rond au regard rieur.

-Bonjour monsieur. Je cherche des vêtements de voyages pour mon frère. Il doit partir bientôt et veut des habits confortables et légers pour une longue chevauchée.

-Bien bien… Je dois avoir ce qu’il faut. Quelle taille au votre frère demoiselle ?

-A peu près la même corpulence que moi monsieur.

-Il n’est pas bien gros. Je prends donc vos mesures ?

-S’il vous plait, monsieur. Ne vous inquiétez pas pour l’argent, j’ai de quoi payer. Quand aux délais dites moi ce qui vous arrange. Il lui faudrait également des bottes, une ceinture, une cape et un chapeau.

-Bien demoiselle. Dans une semaine cela devrait être prêt.

-Merci beaucoup. Pourriez-vous s’il vous plait m’indiquer une auberge agréable où je pourrais loger la semaine ?

-Heu… Nous sommes dans un tout petit village, je suis désolé demoiselle. Il n’y a pas d’auberge… Par contre si vous voulez, je peux vous loger chez moi … Mon logement est modeste mais il est confortable et une chambre est toujours prête.

-Oh ! Merci beaucoup monsieur ! Dans ce cas, je vous aiderais… je peux m’occuper de la cuisine, du ménage, des enfants …

-Demoiselle non ! Vous êtes mon invitée !

-Non non j’insiste !

-Bien. Venez, je vais prendre vos mesures puis je vous montrerais votre logement. »

Effectivement, l’homme prit bel et bien ses mesures, agrandissant là où Alix l’en priait. Puis il la mena à sa nouvelle maison. Il avait trois enfants, sa femme était morte de ses couches six mois auparavant. Une amie, qu’il payait, était chez lui en ce moment et s’occupait des enfants. La jeune fille s’appelait Lise et plut tout de suite à Alix. Lise décida de rester pour aider la jeune fille. L’une et l’autre s’allégeaient les taches ménagères. Alix s’occupait de l’instruction des enfants, elle faisait la cuisine et achetait les aliments, tandis que Lise faisait le ménage et nourrissait les enfants. Toutes deux aimaient les enfants. Lise avait eu un seul enfant, mort rapidement d’une vérole et depuis elle s’occupait et nourrissait ceux des autres. Quand à Alix, elle avait du mal à ne pas pleurer le soir car les enfants, le plus jeune surtout, Jean, qui n’avait que six mois, lui rappelaient terriblement Alianore. Tous les jours, l’angoisse d’Alix la rongeait un peu plus. Elle ne mangeait presque plus, ne dormait qu’une ou deux heures par nuits. Elle n’avait plus rien pour la fatiguer comme lorsqu’elle chevauchait, et lorsqu’elle dormait, les cauchemars l’assaillaient. Puis, à la fin de la semaine, ce qu’avait tant attendu Alix arriva enfin. L’homme avait terminé l’habit. La jeune fille le remercia avec chaleur, puis le paya et partit « retrouver son frère ». En fait sitôt sortie du village et un peu enfoncée dans la forêt, elle coupa ses longs cheveux bruns à l’épée. Ils lui arrivaient maintenant aux épaules. Elle les noua en queue de cheval grâce à un lien de cuir marron. Puis elle se déshabilla. Sa robe et ses jupons tombèrent au sol, en compagnie de sa chevelure. Elle les remplaça par un une chemise en toile blanche, une veste et un pantalon en peau. Des vêtements d’homme. Elle enfila également des bottes en peau elles aussi, mit un chapeau sur sa tête. Elle plaça ses armes et sa bourse à sa ceinture, mit sa robe et une mèche de ses cheveux dans son sac, y ajouta également sa cape, monta à califourchon sur son cheval, comme un homme, puis partit. Sept jours elle chevaucha dans la campagne. Son teint, se hala. Elle parlait peu et lorsqu’elle le faisait elle aggravait sa voix. Elle avait peur. Puis elle arriva à Paris. Elle descendit de cheval. Elle marcha lentement dans les rues écoutant ce qui se disait. Elle acheta un journal et lu les nouvelles. Elle crut qu’elle allait mourir.



Après trois semaines passées à la Bastille, son procès a eu lieu et François de Vendôme, le Duc de Beaufort, est condamné à la pendaison pour trahison. Ayant été Frondeur dans sa jeunesse, il est exécuté comme tous les autres. Nous ne pourrons malheureusement pas sauver notre Roi des Halles … Il sera pendu demain.



Elle crut qu’elle allait mourir. Son amour de toujours, condamné ? Impossible ! Et pourtant si vrai ! Elle prit son courage à deux main, ravala ses larmes, jeta le journal et enfourcha Etoile. Elle partit à Versailles. Elle ne se souvenait plus de rien. Elle ne se souvenait pas qu’elle fût partie de Versailles car elle était malade, qu’elle n’aurait pas encore du être rétablie, qu’elle s’était enfuie de sa maison, qu’elle avait abandonnée sa fille et ses amies, qu’elle avait disparu, qu’elle était habillée en homme. Elle se souvenait juste du chemin pour aller demander une audience. Elle souvenait aussi très bien que son amour allait mourir. Elle arriva au château.

Merci ...

Chapitre 11 : "Les hommes préfèrent"
La porte s'ouvrit en crissant et claqua contre le mur.
- Oh ! Grand Dieu! s'écria la marquise de Lanse, Ces portes ! On entre un peu précipitamment et, pouf, elle se claque ! Il faudra y remédier !
- Ma..madame ??? balbutia Diane, que faites-vous donc ?
- Allez ! Debout ! Et vite mesdemoiselles ! Ce matin, nous allons assister à la messe !
- La messe ? murmurai-je à Diane, Madame a de drôles de raisonnements parfois !
- Voyons Méline ! Aller à la messe est très.... et bien... très... euh.... intéressant !
- Oui oui...
Quelque chose n'était pas normal. Les seules rares fois où j'allais à l'église était à La Noël et Diane n'y allait que très rarement. La marquise avait aussi un petit air taquin et mystérieux dont nous devions sûrement nous méfier. Elle lança un bustier et une jupe sur le lit de Diane. Ma sœur se leva et s'habilla à la hâte. Madame l'observait.
- Mais non voyons ! Point comme cela ! Vous allez froisser votre jupe !
- Pardonnez-moi, Madame.
Je fronçais les sourcils. Diane était magnifiquement vêtue : Elle portait un bustier de couleur crème, brodé de fils roses et de perles, avec une jupe du même rose que les fils sur le haut. Les chaussures étaient faites du même tissu que la robe, de la soie. Madame lui prêta même un collier en perle de nacre. Quand ma sœur se regarda dans le miroir elle rougit puis dit d'une petite voix :
- Voyons, Madame, .... le décolleté n'est-il point un peu trop plongeant ?
- Mais non ! Les hommes préfèrent... répondit la marquise.
- Les hommes préfèrent ???
Je n'avais pu retenir mon étonnement. Pourquoi disait-elle cela ? Nous allions à la messe ! Point à un cabaret ! Mme de Lanse gloussa puis toussota prestement.
- Bien, il est l'heure. Enlevez moi cette chaîne Diane ! Méline, que faites-vous ?
Je me regardai dans le miroir. J'étais encore en chemise, décoiffée, et le visage sale. Je rougis. Diane ôta la chaîne de notre famille. Madame soupira. J'ouvris l'armoire en bois que la marquise avait fait construire pour mes 6 ans et je fouillai parmi mes bustiers et mes jupes. Je choisis le bustier de couleur bleu clair avec la jupe qui allait avec. Je m'habillai prestement et, pour cause, je ne serrais pas assez mon corps. Madame fronça les sourcils. Diane courut derrière moi et me le laça bien. J'essayais tant bien que mal de ne pas froisser ma jupe en l'enfilant, sous le regard sévère de la marquise. Ma sœur tremblait et me serrait le corps jusqu'à m'étouffer. Mais je n'en dis rien... Elle avait l'air nerveuse.
- Mesdemoiselles ! ordonna Madame en frappant des mains, mettez une cape et suivez-moi!
Je pris ma cape que j'avais reçue pour mes 9 ans et je sortis de la pièce, suivie de Diane qui avait revêtu une vieille cape trouée en laine. La marquise de Lanse poussa un petit cri d'horreur.
- Mais non voyons ! Vous ne pouvez mettre cela !! s'écria-t-elle. Ce n'est point possible !!
Ma sœur ouvrit de grands yeux étonnés.
- Mais, madame, je n'ai rien d'autre comme cape...
La marquise grogna et nous fit mine de la suivre. Nous traversâmes plusieurs couloirs et arrivâmes enfin à la pièce désirée : la chambre de Madame. Elle était magnifiquement décorée. En entrant on apercevait une grande coiffeuse blanche et or du côté du mur. Le parquet représentait une magnifique carte de l'Olympe et la tapisserie montrait plusieurs scènes de dieux. Un merveilleux lit à baldaquin entouré d'une barrière d'or trônait au centre de la pièce contre le mur. Les meubles restants étaient des armoires, un outil très à la mode : le bureau, et des miroirs, tout sculpté en or.
- Tenez, dit la marquise, prenez cette cape.
Diane prit le vêtement que lui tendait Madame et l'enfila. Il lui allait à la perfection et était en soie crème. Elle complétait sa tenue de jeune fille noble. Le bruit des roues d'un carrosse qui entrait dans la cour mit fin à mes pensées. Celle-ci sortit prestement de la pièce. Diane la suivit et je fis de même. Mais quand je franchis la porte d'entrée, je frissonnai. J'avais oublié mes chaussures ! Je courus vite jusqu'à notre chambre pour en enfiler.
- Franchement, cela n'est point très intelligent... grogna la marquise.
- Je m'en excuse vraiment....
Elle se contenta de froncer les sourcils et de rentrer dans le carrosse. Je laissais passer Diane et rentrais aussi. Ce n'était point un carrosse très noble. Il était plutôt simple et modeste. Je me demandais comment Madame avait pu louer cela, elle qui avait toujours le goût des grandes et riches choses. C'était de plus en plus étrange. Le cocher fit claquer les langues des chevaux et le carrosse démarra.

Waouh !! On se doute d'une rencontre très importante pour Diane ... C'est super, vraiment ! Il me tarde la suite !

Chapitre 12 : La rencontre
Après une heure de route, nous arrivâmes à Versailles. Tout était somptueux. Le château et les jardins, aussi bien que les robes des dames nobles et les habits des gentilshommes. Il faisait un temps merveilleux. Le soleil brillait et les demoiselles devaient protéger leur visage avec un masque, par crainte de se gâter le teint. Un vent léger soufflait, faisant gonfler les jupes et les capes. Nous n'eûmes point assez de temps ma sœur et moi pour admirer toutes ses merveilles ; Madame nous sommait de sortir, au risque de rater l'office. Elle fut éblouie par le soleil.
- Grand Dieu, se plaint elle, il est fort heureux d'avoir pensé à amener une ombrelle !
Je soupirai. Mme de Lanse attachait vraiment beaucoup trop d'importance à l'apparence. Mais en y réfléchissant bien, c'était le cas pour toutes les dames de la cour. Lorsque nous pénétrâmes dans le couloir de l'entrée, je fronçai le nez. Chaque fois que je venais à Versailles pour la Noël, l'odeur qui régnait empestait de plus en plus. Avant d'entrer dans la salle réservée aux messes, Madame lissa un peu sa jupe puis ouvrit la porte. Toutes les têtes se tournèrent vers nous. Je gardai la tête levée mais Diane baissa les yeux et rougit. Nous nous assîmes sur un banc à l'arrière de la pièce. Le prêtre commença la messe par un signe de croix. Madame cherchait quelque chose des yeux. Ou plutôt quelqu'un...
L'heure se déroula lentement. Contrairement à la messe de Noël, celle-ci était longue et ennuyeuse. Et puis le décor de la pièce était triste. C'était une petite pièce froide. La Noël se passait toujours dans la grande église richement décorée pour l'occasion et les voix des chœurs faisaient tomber plus d'une larme. Je bâillai à m'en décrocher la mâchoire. Madame me fusilla du regard. Elle n'écoutait pourtant pas non plus ce que disait le prêtre ! Je soutins son regard et elle baissa les yeux, étonnée. Le prêtre termina la messe par un signe de croix.
- Enfin ! soupirai-je.
- Que dîtes-vous ? me demanda Diane.
- Rien d'important...
Je lui souris. Je n'avais qu'une envie : rentrer. Je cherchais Madame des yeux lorsqu'une main se posa sur mon épaule. Je sursautai et articulai un cri silencieux. Je me retournai et vit la marquise.
- Venez, nous ordonna-t-elle, j'ai à vous présenter quelqu'un...
Nous la suivîmes ma sœur et moi. La marquise s'arrêta au côté d'un grand et beau jeune homme, d'une demoiselle, d'une dame un peu trop fardée accompagnée d'une fillette d'environ huit ans et dont la robe était couverte de rubans, et d'un homme grand avec une perruque brune. Notre bienfaitrice nous présenta :
- Diane, Méline, voici M. de Léentecours, Mlle de Beaumoignon, Mme de Chartemois avec sa fille Hélène de Chartemois et enfin voici M. de Belignet. Mesdames, messieurs, voici Mlles Méline et Diane Mona.
Ma sœur et moi fîmes toute deux une petite révérence. Je n'avais pas retenu tous les noms, mais un m'avait frappée en particulier : M. de Belignet. N'était-ce pas le mari destiné à Diane ? Je frissonnai. Était-ce donc lui celui dont on parlait tant au château de Madame ? Il n'était point si repoussant... Malgré son âge, il était encore fort agréable à regarder. Avec une fine moustache au dessus des lèvres, une perruque brune, un habit rouge et or, de fort beaux yeux bleus envoutants et ses rides cachés par le fard, il avait un air sympathique, et j'en étais heureuse pour Diane. Celle-ci, sous les ordres de Madame, avança lentement tête baissée vers le marquis.
- Bonjour M. de Belignet, murmura ma sœur, gênée, en plongeant dans une petite révérence.
- Bonjour, mademoiselle Mona, répondit lentement le marquis en s'inclinant vers l'avant.
La marquise de Lanse les observait en souriant légèrement. - Bien, mesdames, messieurs, dit Madame en inclinant la tête vers chacun, il est temps pour nous de prendre congé. Les gens présents inclinèrent la tête de même façon que la marquise plus tôt. Diane et moi les imitèrent. Il était grand temps de rentrer et de quitter cette odeur pestilentielle des couloirs de Versailles, pour retrouver l'odeur douce et féminine du cou parfumé de Louise de Monpartis. Nous sortîmes du château à la hâte. Une fois dehors, j'affichais un sourire. Enfin ! Sentir l'air frais et pur sur mon visage après plus d'une heure d'enfermement était un réel bonheur. Soudain Madame dit :
- Mesdemoiselles, nous pouvons nous promener un peu dans les allées du parc avant de rentrer !
Je sautillai joyeusement. Diane demeurait muette. Les cloches de l'église sonnèrent douze heure et il était temps de rentrer. Nous entrâmes dans le carrosse garé dans la cour. Il démarra. Je tournai la tête vers Diane qui regardait par la fenêtre. Puis elle sourit lentement. Pour la première fois de la journée.

Bravo !

Chapitre 13 : Adolfin
Lorsque nous rentrâmes à la demeure de Madame, Diane partit revêtir son habit de couturière et je me rendis dans le salon à musique où devaient se trouver les Demoiselles. Cependant lorsque j'ouvris la porte, je ne vis personne. J'entendis simplement une voix. Deux voix. L'une des deux m'était familière... L'autre était grave et provenait d'un homme. Elles se firent plus compréhensibles...
- Olympia, je veux mon argent demain, ou tu peux dire adieu à ta mioche !
- Mais je... je vous en prie ! Laissez moi du temps. Juste un peu de temps ! Je vous en supplie !
- Ma patience a des limites ! hurla l'homme.
J'entendis un léger cri de douleur et un brusque coup au sol. A travers un paravent, j'apercevais Olympia à terre et l'homme, debout, la regardant comme s'il eût regardé un chien errant. La pauvre femme cacha son visage en sang et sanglota. L'homme la prit par les cheveux et la souleva brutalement.
- Tu m'as bien compris Olympia ? dit-il en rapprochant le visage d'Olympia près du sien. Demain, ou ta chère petite Isabeau n'ouvrira plus jamais ses petits yeux verts.
- Non ! Je vous en prie ! Laissez ma fille en dehors de ça ! Je vais payer ! Je vais payer !
- Je te le conseille. Sinon...
Il lui donna un grand coup de poing en plein visage. Olympia s'écroula par terre et l'homme lui donna force coups de pied dans le ventre. Elle n'avait plus de souffle. Elle crachait du sang, toussait, ne pouvait même pas hurler. Je mis mes mains sur mon visage. Elles tremblaient. Tout comme mes jambes. Mes dents claquaient. L'homme se dirigea vers la porte. Je me cachai derrière une chaise.
- Adolfin ! Je vous en prie ! Laissez Isabeau.... laissez la, sanglota Olympia.
- Nous verrons cela... L'argent d'abord. Et n'oublie pas... Ferme ton clapet sur tout ça !
Le dénommé Adolfin partit, et Olympia se laissa tomber sur le sol, affalée, et sanglota. J'étais terrifiée. Qui était donc cet homme ? Que voulait-il à Olympia ? Et qui était Isabeau ? Tout se brouillait dans ma tête. C'était comme si j'étais témoin d'un secret. Un secret grave. Qu'on ne devait pas dire. Mais je ne pouvais laisser Olympia seule face à ce problème ! Comment trouverait-elle l'argent ? Et surtout, combien d'argent ? Je ne savais trop que faire. Oublier tout cela ? Impossible. C'était trop. Trop dur, trop terrifiant. Trop grave. Après quelques minutes Olympia se leva et partit. Je me levai. Je pouvais à présent respirer. Respirer de peur. J'avais envie de pleurer, de crier. Mais j'avais surtout envie d'aider Olympia. Mon esprit eut soudain une brusque idée. Je courus jusqu'à ma chambre et fouillai dans l'armoire. Je devais sûrement avoir quelques sous cachés sous mes vêtements ! Mais soudain j'y songeais : si je voulais aider Olympia, il me fallait d'abord parler avec elle. Ensuite je lui donnerai mes sous et tout s'arrangera ! Où pouvait-elle bien être partie ? Sûrement à son service. Je courus dans les couloirs, sans la trouver. Je descendis l'escalier en trombe. Elle devait sûrement se trouver quelque part.... Mais où ? Je la trouvai enfin en descendant jusqu'à la cuisine de cave. Elle épluchait des oignons et des larmes coulaient sur ses joues. Elle renifla et leva les yeux.
- Méline, dit-elle, que faites vous là ?
- Je vous cherchais.
- Vous me cherchiez ? Mais pourquoi ? Quelque chose ne va pas ?
- Je vous pose la même question, lui répondis-je d'une voix grave.
- A moi ? Mais tout va bien Méline !
- Alors pourquoi pleurez-vous ?
Elle rit.
- Ça ? Ce sont les oignons, ma petite !
- Je ne crois pas non...
- Mais enfin qu'insinuez-vous ?
- J'insinue que vous nous cachez quelque chose, Lympia, criai-je, à nous tous !
Elle me regarda, terrifiée. Elle avait l'air de chercher un autre mensonge. Je ne lui en laissais pas l'occasion.
- Qui était cet homme ?
- Quel homme ?
- Lympia ne me mentez pas, hurlai-je presque. L'homme qui est venu vous rendre visite juste avant !
Elle ouvrit de grands yeux. Puis une larme tomba sur sa joue, suivie de beaucoup d'autres. Je posai une main sur son épaule pour la réconforter. Je balbutiai un début d'excuse. Il me semblait que ce qu'allait me dire ma nourrice ne devait point être facile.
- Vous avez raison Méline. Je vous ai menti.

Suspense !

La suiiiiite !! Viiiiiiite !

Chapitre 14 : Mensonges
Elle mit son visage entre ses mains.
- Je me sens si honteuse ! J'aurais du tout vous dire ! Dès le premier jour ! Je me suis conduite comme une ingrate !
Elle pleurait de plus en plus. Je me sentis mal. Il était évident que ce qu'elle allait me dire n'était point si amusant à entendre... Je ne savais pas si j'étais capable d'affronter cela. Peut-être valait-il mieux...
- L'avez-vous vu ? me demanda Olympia.
- Vu qui ?
- L'homme.
- Oui... A travers le paravent dans le salon de musique.
Elle mit une main sur sa bouche. Elle avait une mine offensée
- Ma pauvre Méline... quel spectacle... je ne voulais pas... mais...
Elle me regarda droit dans les yeux et me dit d'un ton grave :
- Cet homme est dangereux Méline. Très dangereux. Il est capable de tout.
- Mais qui est-il ?
- C'est un homme... qui... comment dire... qui demande de l'argent en échange de soins.
- De soins ?
- Oui. De soins pour une personne. La nutrition, la santé, l'hygiène....
- L'affection ? la coupai-je.
- Je ne crois pas, non. Des hommes comme cela n'éprouvent rien. Simplement le goût des richesses et de l'argent ! Ce sont des brigands !
- Cet Adolfin procure des soins à Isabeau ? Qui est Isabeau, Lympia ?
- Isabeau c'est... vous souvenez-vous quand vous êtes arrivées ?
Cet événement était gravé dans ma mémoire. Je me souvenais de tout, comme si cela avait été hier.. Olympia nous avait accueillies, elle était froide et terrifiante. Mais ce n'était plus le cas à présent. Je hochai donc la tête.
- Bien, je vous avais dit que mon enfant était mort. Mais en fait, cet enfant... Il est bien vivant. C'est une petite fille de dix ans. Elle se nomme Isabeau.
- Ainsi c'est donc votre fille ? Mais pourquoi avoir menti ?
- Je ne voulais pas qu'on sache que... que je l'ai abandonnée !
Elle sanglota et mit sa main sur sa bouche. Elle ferma les yeux et tenta de se calmer. Après quelques secondes, elle rouvrit ses yeux verts. Elle avait le regard vide et les larmes aux yeux. Je me rapprochai de mon ancienne nourrice et posai ma tête sur son épaule.
- Mais comment va Isabeau ?demandai-je.
- Je pense qu'elle est rassasiée, vêtue, en bonne santé et propre.
- Vous pensez ? Vous n'avez donc pas de nouvelles ?
- Non. Mais tous les quatre mois on me fournit un résumé d'une visite médicale.
- L'avez-vous au moins déjà vue ?
- Une fois quand elle avait deux ans.
- Et avez-vous cet argent ?
- Je le trouverai ! Je demanderai une avance à Madame.
- Combien ?
- Cent vingt quatre louis d'or.
Je demeurais muette, clouée sur place. C'était énorme. Un louis d'or équivalait à plusieurs mois de travail, voir un an, pour une ouvrière comme Olympia. Comment espérait-elle trouver cent vingt quatre louis d'or ? C'était pur folie ! Et si elle n'avait pas cet argent demain... une fin triste adviendrait à sa fille Isabeau. Je me devais de l'aider ! Elle qui m'avait nourrie, choyée, soignée, elle était comme une petite mère pour moi. Le problème était que tous mes sous réunis, je n'avais même pas deux louis d'or ! Et Madame n'accepterait jamais de lui avancer cent vingt quatre louis d'or sur sa paie ! J'aurais tellement voulu me rendre utile, l'aider... Mais je ne possédais rien ! A moins que...
- Lympia ! Je peux vous aider ! Je vais vendre mes cadeaux de tous mes anniversaires !
- Je vous l'interdis Méline ! J'aurai cette argent ! Ne vous inquiétez pas. J'ai déjà dix louis d'or que j'ai depuis douze ans.
Douze ans de travail en échange d'à peine dix louis d'or ! Ce n'était même pas un quart de la somme que cet Adolfin lui demandait !
- Que vous le vouliez ou non Lympia, je vous aiderai.



Beaucoup de dialogues dans ce chapitre !

bravo ! Tu es vraiment une écrivaine hors pair Louise !!!


Ca vous tente la suite ?

Merci Alix !!!!

Tentée à 100% pour la suite !

OK ... Bon, alors, je la mets tout de suite !



Elle crut qu’elle allait mourir. Son amour de toujours, condamné ? Impossible ! Et pourtant si vrai ! Elle prit son courage à deux main, ravala ses larmes, jeta le journal et enfourcha Etoile. Elle partit à Versailles. Elle ne se souvenait plus de rien. Elle ne se souvenait pas qu’elle fût partie de Versailles car elle était malade, qu’elle n’aurait pas encore du être rétablie, qu’elle s’était enfuie de sa maison, qu’elle avait abandonnée sa fille et ses amies, qu’elle avait disparu, qu’elle était habillée en homme. Elle se souvenait juste du chemin pour aller demander une audience. Elle souvenait aussi très bien que son amour allait mourir. Elle arriva au château. A l’entrée un homme lui rappela qu’il était interdit de rentrer à cheval. Elle laissa Etoile à l’entrée. Elle s’avança dans l’Allée Principale. Elle entra dans le château. Puis, lorsqu’elle apprit que les audiences étaient terminées pour aujourd’hui elle resta calme.

« Je veux voir le Roi. Fit la jeune fille à un garde

-eh mon gars ! T’es sourd ou quoi ? On vient de te dire que les audiences étaient terminées pour aujourd’hui.

-Il faut que je voie le Roi. Absolument. Si vous ne me laissez pas passer je vous tuerais.

-C’est ça ! Avec quoi ? Ta minable épée ? Va-t’en mon gars ; compris ?

-Non. Laissez-moi passer.

-Non. Va-t’en. S’obstina le garde.

Alix dégaina son épée et la pointa sur le garde. Aussitôt un second surgit et l’attrapa par le bras. Il la bloqua. Elle se débâtit en hurlant, ruant, mordant … Le second garde vint au secours du premier. Toute la cour les regardait, sans intervenir. Les femmes avaient l’air horrifiées, les hommes étonnés. Alix, à genoux, hurla.

- Lâchez-moi ! Ou vous le paierez !

-Pourquoi donc gamin ? T’as l’intention de nous tuer ? Nous on va t’envoyer à la Bastille !

-Je suis Alix des Monges ! Lâchez-moi ! Je dois voir le Roi !

-C’est ça ! Et nous on est le Roi d’Angleterre !

-Je ne savais pas que Charles II vous ressemblait ! Je suis Alix des Monges ! Si vous ne me croyez pas demandez à Hélia d’Aquitaine, la jeune sœur du Roi !

-C’est ça, c’est ça ! Alix des Monges elle est malade ! On ne l’a pas revue depuis longtemps !

-Eh bien elle est de retour ! Demandez à Hélia d’Aquitaine !

-On m’a appelée ? Quel est ce scandale ? demanda une petite voix.

-Mlle d’Aquitaine ! Eloignez vous ! Ce gars est fou ! Il prétend être Alix des Monges. Il voulait vous voir pour prouver ses dires.

-Eh bien montrez le moi ! »

Alix leva la tête. Hélia se tenait devant elle. Ses yeux verts avaient toujours cette lueur d’étonnement et d’amusement mais ils avaient perdu cette candeur enfantine. Ils brillaient d’espoir. Ses joues étaient moins rebondies, son corps plus mince. Ses cheveux étaient plus longs, plus sales. Quand à Alix, elle était en piteux état. Ses cheveux courts étaient en bataille, sales, ses vêtements étaient terreux et sales, sons visage était plus foncé, et les lames y avaient creusé un sillon. Son chapeau gisait à terre, ainsi que son épée. Elle était tenue par les deux hommes. Elle était à terre. Ses yeux brillaient.

« Alix ? murmura Hélia bouleversée.

-Oui. C’est moi. Lui répondit Alix su le même ton. »

La fillette s’effondra. Elle s’accrocha au cou d’Alix, se mit à pleurer. Elle pleurait de joie. Voyant cela les gardes lâchèrent Alix. Celle ci se redressa et entoura Hélia de ses bras. L’émotion la submergea. Elle pleura aussi, tout en lui chuchotant des remerciements et des mots doux dans l’oreille. L’enfant enfouit son visage dans son cou et des cheveux. Au bout de cinq minutes elles se relevèrent. Alix tenait Hélia dans ses bras, malgré les neuf ans et demi de l’enfant, malgré le peu de forces d’Alix, malgré la robe d’Hélia, malgré la saleté des vêtements d’Alix, et surtout, malgré l’étiquette. Ce fut Hélia qui ordonna de voir son frère. Et ce fut accepté. Le plus dur restait à faire. Maintenant que l’identité d’Alix était prouvée, restait à justifier sa présence au Roi, dans cet accoutrement. Sans mentir. La jeune fille risquait le tout pour le tout. Soit elle était tuée en même temps que François, soit tous deux étaient graciés. Car Alix mourrait en même temps que François. C’était décidé. Le Roi les reçut toutes les deux. Seules avec lui. Elles s’assirent. Alix lui conta son histoire, du début à la fin, sans omettre un seul détail. De la Fronde à son arrivée devant ses yeux, en passant par les retrouvailles de François et d‘elle et par la naissance cachée de leur fille. Le Roi la fixait, indéchiffrable. Puis à la fin de son récit, Il prit la parole.

« Alix, vous avez conscience des risques que vous prenez en venant ici.

-Oui majesté, et je les assume. Sachez que si François est pendu, je mourrais avec lui. Réellement. Ceci n’est pas du chantage. Je vous le dit.

-Bien. Maintenant je comprends que je n’ai aucun espoir d’avoir un jour votre amour. Pour ne pas vous perdre, je libérerais François. Je donnerais une explication quelconque. A une condition. Tous les trois, vous ne reviendrez jamais à Versailles. Je vous offre une maison à Paris, votre fille ira à Saint Cyr, vous aurez de l’argent, vous n’aurez pas à travailler. Mais ne revenez plus à Versailles. Ne refaites jamais parler de vous. Hélia viendra vous voir. Autant qu’elle et vous le désireront. Partez maintenant. Reprenez votre ancienne chambre et faites venir votre fille pendant que je règle tout cela. Adieu Alix.

-Adieu Votre Majesté. »

Alix partit. Quelques jours plus tard, le Duc fut libéré, et Alianore arriva. Ils emménagèrent à leur nouvelle maison. La vie continuait … »


Zora mit un point final à son histoire. Elle venait d’être engagée comme guide au château de Versailles. Si l’histoire d’Alix ne collait pas à l’Histoire, la sienne ne serait pas gravée dans le marbre. Mais cette journée était à marquer d’une pierre blanche. Elle avait un travail, venait de terminer son premier livre et avait une nièce. Toute neuve et toute belle. Qui était née deux heures avant. La vie continuait.

Et voilà ! C'est fini !

Merci !!